La tête en friche
Le corps en brèche
Je traverse ma vie comme une femme des bois.
Courage en bandoulière, couteau entre les dents, le cœur trébuchant
Je défriche ma vie, j’avance, je franchis.
Je m’affranchis.
Je suis seule et j’ai peur.
“Refuse la peur. Jamais tu n’es seule.”
La Rage me murmure. La tendresse me susurre.
“Tes ancêtres, tes sœurs, tes filles t’accompagnent. Marche, marche sans faiblir.”
La tête en friche
Le corps en brèche
J’apprends sur le chemin à façonner mes armes
Je forge mes machettes, mes arcs, mes flèches.
Je rafistole mes chutes, je rapièce mes échecs, mes cicatrices marquent les coutures de mon armure.
Je dois être guerrière.
Je suis seule et j’ai peur.
“Refuse la peur. Jamais tu n’es seule.”
La Rage et la Tendresse ne m’abandonnent pas.
“Avec toi, l’esprit de la forêt, des louves, des sorcières, de l’humanité toute entière.
Marche, marche sans faiblir.”
La tête en friche
Le corps en brèche
Je dois marcher, marcher, m’acharner
Arracher ces ronces qui me crochent patte, qui me tordent et me mordent.
Je tressaille, je déraille, je perds pieds.
J’en appelle à ma horde.
J’ai peur et je suis seule.
Mais…
Désormais j’ai la Rage et la Tendresse et ma Horde avec moi.
“Refuse la peur, non tu n’es jamais seule.”
Elles s’enracinent au creux de moi.
“Marche, chante, combats, guéris, panse, danse, hurle, caresse, chéris… et arrache de tes dents tous les mauvais esprits.”
La tête en friche
Le corps en brèche
Je suis guerrière et je frémis.
Parée de plaies, ornée de griffures, couronnée de blessures, je brandis mes fêlures.
Je suis louve. Je suis sorcière.
Je porte dans moi toute ma Horde meurtrie et…
Meurtrière.
La tête en friche le corps en brèche
Je n’ai plus peur d’être seule.
Nous sommes guerrières.
Nous sommes sorcières.
Nous sommes la forêt toute entière.
Nous traversons nos vies, unies et solitaires.
Tremblez, nous franchissons la frontière
Tremblez, nous brisons la prison de verre
Tremblez.
Et…
Admirez.
Nos cicatrices entrelacées, nous sommes la Beauté.