8 mars attaque

Ok ok ok/ Assieds toi là, on va se calmer.

C’est le 8 mars tu vas encore me bassiner
Avec tes galanteries pétées
Tes roses, tes mots, tes « s’il te plait »
Tes « ma jolie » tes « après toi » tes « c’est ta fêêête »
« Aujourd’hui j’te tiens la porte »
« Aujourd’hui  j’te fais escorte »
« Aujourd’hui j’te dis qu’t’es forte »
Pour mieux te ken sur l’pas d’la porte

Alors, écoute moi, toi là, écoute, j’te dis,
Tais toi, non non, ferme là, et écoute moi.

Tu sais rien de notre combat.
Tu ne sais pas le prix de nos cris qu’on ne crache pas.
Tu sais pas c’que ça fait d’être humiliée, violée, abusée, maltraitée, agressée, sous payée, précarisée, isolée
Tu sais pas. Tu sais pas la peur que tu provoques en moi. Et la rage que ça me fait, de sentir la peur que tu provoques en moi.
Tu sais pas, putain, tu sais pas.

Alors écoute moi là, bouge pas, assieds toi, écoute moi
J’te dis, non non, tais toi, et écoute moi.

Tu parles de la journée d’lafâme, mais tu sais même pas qui on est
Comme si on était une seule femme,
Comme si on était toute les mêmes
Comme si y avait qu’un seul modèle
Ben tu sais quoi, ta petite femme, là, ta poupée, elle est cassée tu sais
Accroche toi bébé, ça peut faire mal,
Faut qu’on te dise… tu te souviens du père Noël ? Ouais… ben voilà. C’est pareil ouais. Ta fâme là.
Elle existe pas.
Elle existe pas.

Y a nous. Des meufs/ ou pas. Des qui ont des chattes, des qui en ont pas
Des délurées, des révoltées
Des amoureuses, des engagées,
Des pieuses, des rêveuses, des armées
Des qui vivent comme elles aiment
Des qui aiment comme elles luttent

Alors toi là, écoute moi putain, écoute moi
Tu crois qu’tu vas faire quoi avec ta boîte de chocolat ?
T’sais quoi vraiment s’te plait tais toi
Assieds toi, j’te dis, ferme là, non non, écoute moi, et tais toi.

Ouais aujourd’hui toi mon patron, toi mon daron, toi mon reufré, toi mon keumé
Qui que tu sois, sois gentil, et ferme là.
Aujourd’hui, fais un effort, un peu de respect.
Aujourd’hui ton seul effort, c’est ta décence.
Vas-y cherche là, et reviens pas tant qu’tu l’as pas.
Cherche même pas à ouvrir ta bouche, toi, cherche pas.
Ouais comme tu le vois
J’suis agressive, j’suis hystérique, j’suis castratrice,
Allez vas-y, je te laisse pleurer de panique face à ma totale misandrie.

Mais n’oublie pas.

N’oublie pas j’te dis, écoute ça.

8 mars ou pas, ma vie, je te la dois pas
Aujourd’hui, comme tous les jours, nos vies c’est malgré vous qu’on les construit
Alors dégage avec tes fleurs en carton, et tes sachets de bonbons
Laisse moi me battre, laisse moi lutter, laisse moi aimer
Et faire sans toi.

Tu sais quoi, voilà, c’est juste ça
aujourd’hui là, tu la fermes, tu t’assoies dans un coin, non non, tu écoutes j’te dis, et tu te tais.

Et
Tu me laisses. Faire. Sans. Toi.

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